La cueillette du génépi est réglementée en Queyras. De ce que pouvait contenir une main, nous sommes passés à 100 brins… Largement de quoi satisfaire encore les besoins de tout un chacun quand on sait qu’avec 40 brins on peut obtenir 2 litres de digestif…
Pour beaucoup de montagnards cette cueillette estivale est un rite dont on a plus ou moins perdu le sens. Prendre des risques pour en ramasser trop est un phénomène social contemporain traduisant cette perte. Connaître ses besoins.
Aujourd’hui, les distilleries du Queyras font d’excellentes liqueurs à partir de ces armoises d’altitude. Les dénominations vernaculaires sont basées sur les couleurs : jaune, gris, bleu, noir… qui peuvent varier d’une vallée à l’autre pour désigner la même espèce… On utilise aussi des dénominations locales entre « mâles » et « femelles » pour des variétés qui de toutes façons sont différentes et ne se mélangent pas au sein de la famille des armoises. Si artemisia glacialis est l’espèce la plus commune, artemisia genepi possède un goût plus fort. Ce génépi des Hautes-Alpes est plus rare et plus recherché.
Si la plante est « sacrée » pour les montagnards, c’est qu’elle était leur principale médecine préventive. Après séchage (comme ici sur la photo au Gîte Panda La Barma à Ristolas), la tisane de génépi au miel permet de se prémunir des « coups de froid » à l’approche de l’hiver. Les recettes d’alcool basées sur le nombre magique 40 entre morceaux de sucres, brins, et temps passé dans l’alcool accentuent la légende… Si le fort digestif a toujours la côte – alimentant des clichés des Alpes hérités du film «Les Bronzés font du ski » et leur désormais célèbre crapaud dans la bouteille… – d’autres recettes de cuisine de montagne sont aujourd’hui plus prisées.
L’apéritif au génépi - plus doux - à base de vin blanc des Alpes rejoint ainsi la bière au génépi, le saucisson au génépi, la glace au génépi… Autant de saveurs à partager.