Étrangement absente de la plupart des
index botaniques, l'hellébore fétide reste une plante commune en
France. Dans le nord des Hautes-Alpes, c'est une inconditionnelle des
ripisylves sèches et calcaires du steppique Durance (en Queyras, pas
au-delà de 1100 m ?). C'est une cousine d'helleborus niger plus
connue sous le nom de Rose de Noël. Ces plantes ont la particularité
d'avoir des feuilles persistantes et de fleurir en hiver. Elles sont
donc des rencontres de choix dans des milieux souvent fermés et
attristés par les affres du froid. Les feuilles dentées de
l'hellébore fétide vivent plus d'une année mais la plante ne fleurit
qu'à partir de 5 ans (de janvier à mai). Elle fleurira encore l'an
d'après avant de mourir. On ne
la reconnaît donc bien que sous cette forme étrange où les feuilles se
réduisent peu à peu, au sommet, en gaine terminée par quelque lobe
étroit. Fleur identifiable dès fin décembre d'où l'appellation Rose de Noël... Qu'un rayon de soleil ou un frottement intervienne et les
feuilles révèlent leur odeur fétide sous le ciel d'azur... Cette
caractéristique olfactive mettrait-elle en garde ? En effet,
les hellébores sont toxiques... Leur nom grec signifie « nourriture
qui tue ». D'ailleurs la fleur est aussi appelée « pied
de griffon » et les enfants de l'Argentière-la-Bessée la
nommaient « plante des serpents » pensant que les vipères
s'en nourrissaient... (un folklore type « éducation par la
peur » pour éloigner les enfants d'un éventuel danger par
eux-mêmes...).
Si la plante fut parfois employée
comme purgatif, émétique, vermifuge, voire remède contre la
folie... le plus souvent elle guérissait « définitivement »
le patient par arrêt cardiaque... (la plante renferme de
l'helléborine, un hétéroside cardiotoxique). Rose de Noël à découvrir donc en automne et en hiver du côté de Guillestre et du Queyras.