Début voire mi-juin, les lilas de la Barma en Queyras sont encore en fleur et – à l'heure du sapin bleu – plus personne ne se questionne sur le rôle local de ces arbustes d'ornement. Si les sureaux noirs et sorbiers des oiseleurs avaient ici leurs usages comestibles et médicaux, les pommiers d'altitude leurs fruits d'apparat, quid des lilas ?
La plante aux fleurs
mauves reste l'hôte privilégié des mystérieuses cantharides
(lytta vesicatoria). Cette fausse « mouche espagnole » ou
« de Milan » est bien un coléoptère. Selon ses cycles
larvaires et la météo, on ne l'observe que certaines années.
Évoquer la cantharide,
c'est raviver la mémoire du Marquis de Sade ; le libertin employait la « poudre de
mouche de Milan » à des fins aphrodisiaques... Hélas, la réputation
de cette « médecine » était surfaite et dangereuse ; quatre femmes succombèrent aux « dragées d'Hercule »
lors d'une soirée où les bonbons n'eurent pas les effets
escomptés.
Plus sérieusement,
l'analyste des Simples des Hautes-Alpes, Denise D. , nous indique
dans un ouvrage précieux que les cantharides prenaient bien place dans la médecine populaire du Grand Briançonnais.
Ce procédé s'utilisait uniquement en usage externe et en dernier recours... Les cantharides macérées dans du
vinaigre s'appliquaient écrasées sous forme de crème en emplâtre... Ce remède de
cheval donnait des cloques à la peau mais tirait le mal vers l'extérieur. Ainsi, ces beaux insectes verts et dorés
furent un temps conservés séchés dans les petites boites
des gens d'ici.