05/06/2017

Mystérieuse cantharide

Mouche d'espagne de Sade
Début juin, les lilas de la Barma en Queyras sont encore en fleur et – à l'heure du sapin bleu – plus personne ne se questionne sur le rôle local de ces arbustes d'ornement. Si sureaux noirs et sorbiers avaient des usages comestibles et médicaux, les pommiers d'altitude des fruits d'apparat, qu'en était-il des lilas ?
La plante aux fleurs mauves reste l'hôte privilégié des mystérieuses cantharides (lytta vesicatoria). Cette fausse « mouche espagnole » ou « de Milan » est bien un coléoptère. Selon ses cycles larvaires et la météo, on ne l'observe que certaines années.
Évoquer la cantharide, c'est raviver la mémoire du Marquis de Sade. Le libertin employait la « poudre de mouche de Milan » à des fins aphrodisiaques... Hélas, la réputation de cette « médecine » était surfaite et dangereuse ; quatre femmes succombèrent aux « dragées d'Hercule » lors d'une soirée où les bonbons n'eurent pas les effets escomptés...
Plus sérieusement, l'analyste des Simples des Hautes-Alpes, Denise D. , nous indique dans un ouvrage précieux que les cantharides prenaient place dans la médecine populaire du Grand Briançonnais. Ce procédé s'utilisait uniquement en usage externe et en dernier recours... Les cantharides macérées dans du vinaigre s'appliquaient écrasées sous forme de crème en emplâtre... Ce remède de cheval donnait des cloques à la peau, tirait le mal vers l'extérieur... Ainsi, ces beaux insectes verts et dorés furent un temps conservés séchés dans les petites boites des gens d'ici...